Interview de Mme Florence Dufour, membre du directoire de l’IPSL et directeur de l’école de biologie industrielle (EBI).florence_dufour

Comment définiriez-vous PACRRET en quelques mots ?
PACCRET c’est une plate-forme haut débit qui permet de connecter l’ensemble des sites d’enseignement supérieur du Val-d’Oise. Pourront s’y ajouter les partenaires de l’enseignement supérieur, en particulier les lycées qui ont vocation à former de futurs étudiants, et certains services du département et de l’agglomération utilisés par les jeunes. Il existe d’autres réseaux en région, il est donc tout à fait essentiel en ce début de XXIe siècle que le Val-d’Oise ait « le sien ».

Quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez souhaité que votre établissement participe au projet PACRRET ?
Nous sommes tous engagés depuis un peu plus de dix ans à construire un enseignement supérieur au sein du Val-d’Oise. Chacun de notre côté nous avons fait notre travail, certains dans une logique privée, d’autres dans une logique publique, mais surtout et avant tout dans l’optique de permettre que l’offre de formation soit à la hauteur de ce département qui est le plus jeune de France.
Aujourd’hui nous sommes arrivés à un moment où nous avons réussi individuellement nos développements et c’est la connexion de nos appareils de formation et la connaissance mutuelle de nos équipes et de nos étudiants qui vont permettre le développement des dix années qui viennent.
Si on ne fait pas cela, on va rester dans la logique actuelle qui est la logique du réseau international ou national avec des formations similaires plutôt que de jouer un développement et une complémentarité dans tout le département.
Pour moi cela a beaucoup de sens et pour l’IPSL qui travaille avec sept écoles différentes depuis le départ, c’est également quelque chose qui nous aide à l’interne puisque nous pratiquons beaucoup le partage de contenus de formation.

Concrètement, qu’est-ce que le réseau PACRRET va apporter à votre établissement, à la fois pour les étudiants et pour les chercheurs ?
Je pense que ce sont les étudiants qui vont s’emparer le plus rapidement du réseau.
La première application concrète que je verrais – ou que je rêverais – est que les étudiants puissent se parler et s’adresser différents messages sans difficulté. Pouvoir les flécher avec des adresses dédiées et les retrouver ainsi facilement, créer des mailing lists de diffusion, ce serait très important.
Deuxième application, sur le plan associatif, j’aimerais que l’ensemble des associations créées ou fréquentées par les étudiants puissent former une communauté ouverte.
La troisième application concerne les conférences (dans le cadre de « l’université ouverte » par exemple). Aujourd’hui les sites des établissements présentent les compte-rendus de ces manifestations mais on se rend compte que la prise de connaissance croisée est insuffisante. Je pense que le réseau aidera à une mise en commun puisqu’on ne sera plus limité par les tailles des débits.
En ce qui concerne les contenus pédagogiques, dans notre école, nous faisons travailler les étudiants en groupe. Avec la vidéoconférence, les étudiants pourront à la fois pédaler dans le projet et se regarder pédaler à travers l’image, cela peut être quelque chose de très intéressant.
Je pense qu’on doit également pouvoir faciliter ce qu’on appelle le statut étudiant : c’est-à-dire avoir un meilleur suivi de nos inscrits et une meilleure information sur les emplois du temps, les salles, bref, toute l’information qui est la garante de l’échange.

Et pour les chercheurs ?
Nous sommes déjà dans un partage constant de données, de travaux, de transmission d’informations mais l’échange se fait essentiellement par mail ; et on sent bien que la créativité des chercheurs et la volonté d’illustrer leurs travaux n’a pas de limite. Intégrer des contenus numériques, des commentaires, serait certainement un bond en avant dont bénéficieront particulièrement, je pense, les sciences humaines.

A long terme, avez-vous une idée des applications possibles de PACRRET ?
Je pense que le champ à expérimenter est celui de la formation à distance mais il doit être exploré avec beaucoup de précaution. Aujourd’hui on sait que pour préparer un cours classique il faut compter une dizaine d’heures pour une heure de cours dispensé, pour préparer un cours sur support numérique accessible à distance il faut multiplier par 10 ce chiffre.
Cela ne peut donc concerner que des matières dont l’évolution technologique n’est pas très rapide, sinon à peine a t-on fait le cours qu’il est déjà obsolète et qu’il faut recommencer. Cela peut s’adresser davantage à des étudiants de 1er cycle ou a des gens qui ont besoin de revoir des bases pour reprendre des études.
Je pense que cela aidera beaucoup le CNAM et que l’on pourra même peut-être s’associer au CNAM Val-d’Oise dans une optique de « formation tout au long de la vie ».

Que pensez-vous du partenariat entre des établissements d’enseignement public et privé ?
Aujourd’hui nous savons que nous avons besoin les uns des autres. Il n’y a pas de concurrence, il y a simplement un champ d’expérimentation et de consolidation permanente. Pour moi, le rôle macro-économique du privé c’est d’avoir la capacité d’expérimenter, d’innover dans une optique de créer de la valeur au sein de la formation. Nous avons un rôle de mobilité constante quand l’université a un rôle de consolidation constante. Cette alliance des deux est intéressante et en Val-d’Oise on a la chance qu’elle ne soit pas problématique.

Que vous évoque la mutualisation entre les établissements d’enseignement supérieur et les collectivités locales ?
On est en phase de découverte mutuelle. Quand on demande à des gens de l’extérieur la manière dont les collectivités territoriales ont agi pour avoir un enseignement supérieur, on entend un concert de louanges qui touche à la fois l’agglomération, la ville, le département et pour partie la région. Il faut espérer que nous ayons de plus en plus de travaux en commun.

Le mot de la fin…
Un mot de la fin pour dire à tous mes collègues que cela fait très plaisir de travailler ensemble, une fois de plus. D’autres dossiers nous attendent sur le logement, sur le transport, sur la santé des étudiants qui sont nos trois priorités au sein de la CODEESC (COnférence des Dirigeants des Établissements d’Enseignement Supérieur de Cergy).
Et puis un petit message aux étudiants : surtout soyez XXIe siècle, on ne pardonnera pas deux choses à votre génération. La première c’est d’être bilingue anglais et la deuxième c’est d’être « bilingue informatique ».
Un dernier petit mot, j’avoue qu’à titre personnel j’ai vécu les cinq dernières années avec énormément d’enthousiasme.
Je suis quelqu’un tout compte fait au milieu de ma science d’assez littéraire et l’arrivée du mail à grande échelle m’a permis d’avoir une communication écrite avec mes élèves et mes anciens élèves qui est de grande qualité. Surtout partagez de l’écrit et vous ferez un monde qui sera bien connecté et humain.