Interview croisée de M. Gilbert Deunf, directeur du groupe ITIN-ESCIA et M. Alain Gourdin, directeur opérationnel de l’ITIN.gilbert_deunf_et_alain_gourdin

Comment définiriez-vous PACRRET en quelques mots ?
Gilbert Deunf : PACRRET est une infrastructure qui permettra aux écoles de développer leurs activités dans les domaines de la pédagogie, de la recherche et de la communication.

Quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez souhaité que votre établissement participe au projet PACRRET ?
Gilbert Deunf : Ce fut avant tout une démarche à caractère politique. En tant qu’établissements de formation supérieure d’une chambre de commerce, acteurs régionaux du développement économique, l’ITIN et l’ESCIA se devaient d’entrer dans le tour de table et de s’associer à une initiative locale de cette importance. Les liens étroits qui unissent la CCIV Val-d’Oise-Yvelines à l’université de Cergy-Pontoise a grandement favorisé la décision.
Parallèlement nous avons mesuré, relativement aux projets de développement de chacune de ces écoles, que cet outil était pour nous incontournable pour les formations existantes et nouvelles dans les domaines de l’informatique, des réseaux et des télécoms mais aussi de la gestion de la finance et de la comptabilité.
Enfin, il nous semblait essentiel d’être partie prenante d’une dynamique associant les établissements de formation supérieure de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise.

Concrètement, qu’est-ce que le réseau PACRRET va apporter à votre établissement ?

Alain Gourdin : Le transport des informations numériques est un besoin essentiel de l’ITIN. Nous transportons des informations multimédia sous la forme de vidéoconférences, d’envois de formations en ligne avec des contenus riches, de vidéo à la demande et, plus généralement, de toutes les informations numériques que nous produisons et traitons.
Nous allons ainsi pouvoir mutualiser des activités pédagogiques avec d’autres établissements d’enseignement supérieur. Nous organisons déjà par exemple des conférences en commun avec l’EPMI. Au lieu de déplacer des étudiants, nous déplacerons le son, l’image et les capacités d’interaction avec les intervenants. Comme autre exemple, nous avons déjà prévu de mettre en place des travaux pratiques sur l’interconnexion de réseaux avec des partenaires universitaires.
Je pense que tout cours donné à l’ITIN est susceptible d’utiliser cette infrastructure de transport puisque ce sont des gros tuyaux qui permettent de passer n’importe quel format numérique. Nos formations s’intéressent à la fois aux données structurées (base de données, ERP, CRM, SCM, PLM, etc.), non structurées (systèmes de gestion de documents, de la connaissance), aux informations graphiques, cartographiques, domotiques et à la vidéo interactive. Nous avons donc besoin de capacités de transport importantes.

Gilbert Deunf : Nous sommes partenaires d’établissements à l’étranger. Nous communiquons avec eux via la visioconférence ; les État-Unis, la Finlande, la Grande Bretagne en sont quelques exemples. La stratégie d’ouverture internationale de nos activités nous oblige à équiper les écoles de moyens plus conséquents de communication.
À l’heure actuelle, nous ne pouvons dresser une liste exhaustive des applications pédagogiques ou de communication qui utiliseront ces médias. Nous parions sur l’avenir et investissons.

Alain Gourdin : Nous avons déjà un certain nombre de partenaires en France et à l’étranger (Finlande, Irlande, États-unis, Grande-Bretagne) avec lesquels nous partageons des cours à distance, en particulier par visioconférence. La nature et la fréquence de nos échanges sont dépendantes des capacités de notre accès Internet. Des débits insuffisants nous obligent à réserver une partie de la bande passante pendant ces échanges, ce qui est gênant pour les autres actions pédagogiques.
Grâce à PACRRET, nous bénéficierons d’un changement d’échelle. Nous avons planifié des formations simultanées avec des établissement d’enseignement supérieur de plusieurs pays européens. Nous avons prévu aussi de réaliser en commun et à distance des actions de recherche et de développement informatique ambitieuses. Ces actions nécessitent des rendez-vous fréquents et des échanges volumineux avec des coûts de fonctionnement raisonnables.

Que pensez-vous du partenariat entre des établissements d’enseignement publics et privés ?
Gilbert Deunf : Dans le domaine de la formation et de la recherche, la mise en commun et l’échange d’informations sont déterminants. La seule réussite d’Internet comme moyen de rapprochement des individus et d’accès à l’information en est un bel exemple.
Si nous considérons que la recherche et la formation sont pour un pays le terreau de son développement économique, nous devons admettre que tous les partenaires, publics ou privés, ont intérêt, jusqu’à un certain niveau, à mutualiser leurs moyens, à apporter leur contribution pour la construction d’un système dont profiteront, dans le cas qui nous intéresse ici, les publics en formation et les entreprises.
Ce type d’investissement à vocation collective et dont la principale caractéristique est son ouverture sur l’extérieur, sera adapté au moment même où se met en place l’organisation des nouveaux diplômes européens (Licence Master Doctorat).
Les étudiants français ou étrangers choisiront dès lors les lieux d’enseignement qui leur garantiront les meilleures chances de réussite, en un mot les pôles d’enseignement supérieur les plus branchés, dans tous les sens du terme. Le réseau PACCRET sera ainsi pour Cergy le fil d’Ariane du développement de son pôle enseignement supérieur et recherche !

Alain Gourdin : Je voudrais rebondir sur deux idées…
Première idée, je crois aussi que nos modèles et nos systèmes de formation vont subir une profonde mutation dans les années à venir et qu’ils vont devoir évoluer vers la personnalisation complète des parcours de formation. Cela nous conduira à des systèmes de production moins monolithiques. Si l’on fait un parallèle avec l’automobile, un constructeur est un assembleur de morceaux fabriqués par des sous-traitants spécialisés.
Je pense que les établissements de formation deviendront des assembleurs dans le futur. Un étudiant pourra totalement personnaliser son parcours, suivre des modules dans différentes institutions en France ou à l’étranger. Pour ce faire, il faudra que nous nous assouplissions, que nous soyons capables de fournir et reconnaître des modules de formation très divers. La mise en place des réseaux va participer à la fois à la distribution des formations mais aussi à la mise en place de systèmes d’échanges informatisés.
On peut imaginer que des progiciels de gestion de formation permettront de suivre ces parcours, de valoriser les crédits européens, de mettre en place les portefeuilles de compétences.
Deuxième idée, il y trois ans, nous nous sommes engagés dans le projet PACRRET parce que ce réseau était la matérialisation d’une volonté de participer à l’émergence d’un pôle numérique dans le Val-d’Oise.
Ce qui est intéressant avec PACRRET, c’est que tous les acteurs du numérique sont reliés, qu’ils soient les spécialistes de l’informatique, de l’électronique, de la vidéo ; et que nous sommes aussi l’un des acteurs de cette dynamique émergente du Val-d’Oise.

Que vous évoque la mutualisation entre les établissements d’enseignement supérieur et les collectivités locales ?
Gilbert Deunf : Examinons tout d’abord le contexte économique du département. Le nombre d’entreprises internationales implantées en Val-d’Oise est important, conséquence de la politique menée par le conseil général et un certain nombre de ses partenaires institutionnels depuis plusieurs années. Par ailleurs, les entreprises du secteur des services, grand utilisateur des systèmes de traitement ou de transfert d’informations, sont majoritaires.
Dans cet environnement économique porteur, l’ITIN et l’ESCIA, en tant qu’écoles supérieures par alternance d’une CCI ont une double mission : pourvoir en compétences individuelles les entreprises et jouer un rôle d’insertion professionnelle et sociale auprès des jeunes en leur permettant d’accéder à des études supérieures.
Les moyens nécessaires à la réalisation de ces formations sont généralement coûteux. L’intervention d’organismes publics associés à des établissements privés poursuivant les mêmes objectifs est, dans le cas présent, nécessaire pour la mise en place d’infrastructures lourdes comme un réseau à haut débit.

Le mot de la fin…
Alain Gourdin : Historiquement, les sociétés se sont structurées, ont évolué autour des moyens de communication : autour des ports, des routes, des lignes de chemin de fer. Maintenant, les sociétés se développent autour des réseaux informatiques. Faire partie d’un pôle qui a accès à un réseau à très haut débit me semble être une nécessité parce que c’est le moyen de transport qui se développe actuellement.

Gilbert Deunf : Depuis trois siècles, des inventions majeures ont révolutionné le monde industriel, avec les conséquences de croissance économique forte que nous connaissons ; après la vapeur au 18ème siècle, l’électricité au 19ème, l’informatique a apporté des changements profonds dans les procès industriels et fait émerger le secteur tertiaire.
Cette dernière révolution n’est pas terminée ; nous pensons qu’elle n’en est qu’à ses débuts. Nous devons dès lors parier sur l’avenir et, pour rester dans la course des formations adaptées aux besoins des entreprises d’aujourd’hui et de demain, investir. C’est la raison majeure de notre adhésion à ce projet.