jean_marie_imhoffInterview de M. Jean-Marie Imhoff, vice-président du conseil d’administration de l’université de Cergy-Pontoise.

On peut dire que vous êtes au sein de l’université l’initiateur du projet PACRRET ?
Oui. La première fois que la notion de réseau a été évoquée, c’était en 1996. La question de la nécessité de se relier et de monter en puissance sur le réseau RENATER s’est posée lors d’une réunion totalement impromptue avec Paris 13 qui montait déjà son réseau ; nous avions décidé alors de nous associer à eux. Ceci a été un point de départ mais par la suite, nous nous sommes aperçus que cette association n’était pas possible et qu’il valait mieux monter notre propre réseau au nord-ouest de Paris.

Qu’est ce qui vous a poussé à mettre en œuvre le projet PACRRET ?
Le réseau existant à l’université ne permettait pas une évolution nécessaire. À cette époque, ceux qui auraient été intéressés par la mise en place d’un réseau ne pouvaient s’en occuper pour des raisons diverses. Il fallait donc que quelqu’un s’y consacre et, ce sujet étant intéressant pour l’avenir de l’université, je m’en suis occupé à la demande du président d’alors.

C’est pour cela que l’université a pris les rênes du projet ?
Non, il y a une raison plus simple. L’université est reliée au réseau RENATER depuis son origine. Jusqu’à il y a environ 7 ans, la capacité du réseau était suffisante, c’était RENATER 1 puis RENATER 2. On aurait pu rester sur les capacités de RENATER 2 mais il était, et est toujours nécessaire, que l’université prévoit son avenir. Il fallait donc passer à RENATER 3. Seule, pour des raisons techniques et financières, elle n’avait pas la taille suffisante. Il a donc fallu recruter du monde, associer d’autres partenaires pouvant être intéressés.

Pouvez-vous nous dire en quelques mots ce qu’est le réseau PACRRET ?
Le réseau PACRRET c’est une mutualisation d’établissements d’enseignement supérieur permettant de bénéficier des avantages d’un réseau à très haut débit.

Quelles sont les applications concrètes de PACRRET pour l’université ?
L’application la plus immédiate est pour les chercheurs, c’est évident. La possibilité de faire de très lourds calculs, de transporter des fichiers très importants, de communiquer très rapidement est lié à la présence ou non de liaisons à très haut débit.
Pour les étudiants, l’utilité de PACRRET est plus floue parce qu’on doit envisager des perspectives sur les 10 à 20 ans qui viennent. Nous avons des intuitions mais nous ne savons pas encore vraiment comment les réaliser.
Il y a deux ans, l’université avait essayé de faire de l’enseignement à distance. Il ne s’agissait pas seulement de mettre des cours en ligne mais de créer une véritable interactivité entre un site serveur et des étudiants. Nous nous sommes cependant vite aperçus que c’était trop lourd à porter pour l’université. Il faudrait plutôt cibler cette action à certaines disciplines spécialisées par exemple, qui comptent un nombre d’étudiants trop faible pour créer une filière complète de diplômes.
L’idée serait de faire travailler ensemble des étudiants de diverses universités par exemple Rouen, Amiens et Cergy car, dans ce cas, le nombre d’étudiants serait suffisant pour un master. Mais qui déplace t’on ? Les étudiants, les enseignants ? La solution serait que chaque étudiant reste sur son site et que l’enseignement soit commun et interactif. Et pour cela, il faut du haut débit.
Prenons un autre exemple : en mai, en lettres, il y a ce qu’on appelle les journées de l’agrégation. Durant trois jours, les meilleurs spécialistes de la préparation à l’agrégation sont réunis dans une université. Ils dispensent des conférences et les étudiants peuvent poser des questions. Si on met en place un réseau haut débit, des étudiants qui se trouvent ailleurs en France pourront également profiter de la conférence et interroger directement les spécialistes.

Avez-vous une idée des applications de PACRRET à long terme ? Envisagez-vous éventuellement un partage des contenus avec d’autres écoles ?
J’espère que le partage des contenus ne se fera pas à long terme mais dès l’année prochaine ! L’idée est de commencer un double réseau expérimental. Le réseau des établissements d’enseignement supérieur et un réseau de lycées qui se trouvent à côté. Ces lycées travailleraient déjà entre eux, ce qui serait une première, et échangeraient avec l’université des travaux pratiques, des conférences…
Il est vrai que nous n’avons pas besoin au départ de très haut débit mais très vite nous nous apercevrons que nous sommes limités dans cette interaction parce que nous n’avons pas cette technologie.
En recherche, un projet de calcul partagé est en cours d’étude.

Le moins que l’on puisse dire c’est que les partenaires sont multiples, comment se passe le déroulement des opérations ?
Par rapport à d’autres endroits, nous avons eu une bonne démarche dans le Val-d’Oise. En effet, nous n’avons pas cherché à faire se mutualiser les établissements d’un point de vue politique d’abord mais d’un point de vue technique. Nous avons essayé de voir en premier lieu si le projet était faisable.
Autrement dit, nous avons réuni tous les techniciens (au sens noble du terme) travaillant sur le terrain et nous avons su tout de suite si ce réseau pouvait leur être utile ou non. Ils ont été des moteurs puisqu’ils ont répercuté les besoins directement auprès des politiques de chaque établissement.
Soucieux de leur développement, ces derniers n’ont pu qu’adhérer à ce que leur recommandaient leurs techniciens, les problèmes pratiques étant résolus. Si on avait fait l’inverse, la politique avant la faisabilité, je pense qu’on aurait eu plus de mal. Ici le consensus a été immédiat et l’atmosphère de travail excellente.

C’est l’université qui centralise les informations ?
Oui, et pour une raison relativement simple : c’est l’université, au départ, qui avait le plus d’intérêts, le plus d’étudiants, le plus de personnels et qui s’est trouvée tout de suite un partenaire quasiment équivalent : l’ESSEC. La dynamique s’est alors faite pour entraîner tout le mouvement.

Où en sont précisément les travaux aujourd’hui ?
Le développement de PACCRET a été prévu en deux temps. Une première phase qui est interne à l’agglomération de Cergy-Pontoise et qui réunit la quasi-totalité des établissements, puis une deuxième phase qui relie les sites éloignés de l’université. Elle est un peu plus compliquée parce qu’elle traverse tout le département et qu’elle rejoint presque la Seine-Saint-Denis.
Pour la première phase, les travaux ont commencé il y a huit mois. Début mai, tout le réseau sera réalisé et opérationnel, des tests auront eu lieu et donc à la rentrée prochaine, tout sera fonctionnel.

Le délai est-il tenu ?
Les délais ont été plus que bien tenus, il n’y a pas eu de décalage. Tout est dans les temps pour un chantier démarré il y a 3 ans !

L’inauguration, c’est donc pour bientôt…
L’inauguration est pour le 24 juin prochain. Cette date a été choisie parce que les premiers tests auront été réalisés, et on aura eu le temps de mettre en place un certain nombre d’actions. C’est de plus un délai assez correct pour que l’ensemble des partenaires puissent se libérer de leurs tâches respectives.

Le mot de la fin…
Il y a un aspect caché de la mise en place du réseau PACRRET. Cette expérience a suscité des opérations de mutualisation des établissements qui, auparavant, réagissaient de façon plus occasionnelle à des problèmes communs.
Là, au contraire, tous les problèmes des établissements d’enseignement supérieur au sein de l’agglomération sont mis en commun. La CODEESC (COnférence des Dirigeants des Établissements d’Enseignement Supérieur de Cergy), qui réunit tous les établissements au sein d’une association, est devenue un interlocuteur privilégié des collectivités.