Interview de M. Pierre Tapie, directeur général du groupe ESSEC.pierre_tapie

Comment définiriez-vous PACRRET en quelques mots ?
PACRRET est la plate-forme d’accès au réseau extérieur, commune à tous les établissements supérieurs de l’agglomération de Cergy-Pontoise (membres, pour la plupart, de la CODEESC). Les établissements, qui ont émis ensemble le besoin d’avoir un accès très haut débit, ont à la fois investi collectivement et obtenu des crédits publics qui permettaient de créer ce réseau.
Très concrètement, PACRRET c’est un projet qui représente plus de 2 millions d’euros au total et qui est financé par les établissements d’enseignement supérieur et les collectivités locales. Il va permettre à tous les sites d’une part d’être connectés par de la fibre optique et d’autre part d’avoir un accès très haut débit au réseau extérieur via RENATER.

Quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez souhaité que votre établissement participe au projet PACRRET ?
La connexion à très haut débit est une nécessité pour un établissement de la stature et de la notoriété internationale de l’ESSEC. C’est une manière d’avoir à la fois une dynamique collective entre les établissements d’enseignement supérieur et de construire un accès haut débit avec un rapport qualité/prix tout à fait intéressant.

Concrètement, qu’est-ce que le réseau PACRRET va apporter à votre établissement, à la fois pour les étudiants et pour les chercheurs ?
Aujourd’hui on est sur des débits qui sont à 2, 5 voire 10 mégabits, demain on sera à un gigabit, donc c’est un bond d’un facteur 100. Compte-tenu de l’évolution quasi exponentielle de l’information qui transite par le web et par d’autres vecteurs, cela va nous donner une vitesse d’accès au réseau qui n’aura rien à voir.
Concrètement, les étudiants auront des résidences câblées, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Ils pourront consulter les bibliothèques électroniques de l’école directement de leur chambre, ce qui est une bonne utilisation de l’outil pédagogique. Ils pourront aussi aller beaucoup plus vite sur des bases de données extérieures.
En ce qui concerne nos chercheurs, c’est pareil. Aujourd’hui les chercheurs en sciences économiques et sociales utilisent de très grandes bases de données. La vitesse d’accès à ces bases est donc très importante. De même en ce qui concerne l’audiovisuel, aujourd’hui il y a un certain nombre d’enseignements lors desquels on utilise des supports audiovisuels. Il existe cependant une véritable barrière numérique : quand vous êtes à 500 kilobits ou à 100 mégabits, dans un cas vous avez du Word et dans l’autre vous avez du film.

A long terme, avez-vous une idée des applications possibles de PACRRET ? Envisagez-vous un partage de contenus par exemple ?
La question des contenus n’est pas la même que celle des tuyaux. Les étudiants peuvent aussi bien circuler d’une institution à une autre pour prendre certains cours comme cela se fait déjà sur la plate-forme, que bénéficier de cours électroniques qui vont être édités par les uns et les autres.
Les contenants facilitent ce genre de partage mais, à mon avis, l’élément déterminant serait plutôt une volonté d’organisation pédagogique. Le contenu et le contenant sont deux questions assez séparées, sachant bien sûr que les plate-formes de circulation de l’information facilitent considérablement la possibilité de partage des contenus.

Que pensez-vous du partenariat entre des établissements d’enseignement publics et privés ?
C’est le genre de partenariat que je vis, en tant qu’universitaire, depuis déjà près de vingt ans. Autant le partenariat entre public et privé est pour moi quelque chose de naturel et de normal, autant il est plus original que la plate-forme universitaire de Cergy-Pontoise soit composée essentiellement d’établissements privés.
Ce partenariat se vit donc normalement entre professionnels de la mission du service public de l’enseignement supérieur.

Et que vous évoque la mutualisation entre les établissements d’enseignement supérieur et les collectivités locales ?
Ce n’est pas une originalité dans le sens où dans tous les endroits où les collectivités locales sont intelligentes, elles comprennent bien que le soutien et la construction d’un tissu d’enseignement supérieur et de recherche d’excellence, au niveau local, est un facteur positif pour elles.
Je vois plus cette mutualisation aussi bien comme quelque chose de sain, de normal et qu’il faut gérer avec professionnalisme et exigence réciproques que comme quelque chose qui serait révolutionnaire.

Le mot de la fin…
La question du réseau a obligé les établissements à travailler de manière très concrète les uns avec les autres. On voulait travailler ensemble. On a d’autres sujets d’intérêt commun notamment le logement étudiant, mais PACRRET est le premier sur lequel on est allé jusqu’à la convention financière.
Cela veut dire qu’il y a des éléments de précision, d’exigence qui sont importants, on n’est pas dans l’ordre de la déclaration d’intention. Cela donne de l’expérience. Il y a une vraie estime des gens qui travaillent ensemble.